Tournesol : bilan de campagne agronomique 2008 Une culture en devenir dans le Sud-Est

S’il ne fallait retenir qu’un chiffre cela serait le +34% d’augmentation des surfaces enregistrées cette année en région Paca. Le tournesol y a trouvé en 2008 un accueil des plus forts, puisque les surfaces ont augmenté de 34% avec 7.019ha emblavés. Le Languedoc-Roussillon n’est pas en reste avec ses +17% (17.870ha) comme Rhône-Alpes et ses +18% (20.150ha). « Malgré tout en Rhône-Alpes, le tournesol poursuit son déclin avec des transferts importants de parcelles vers le colza » explique Gilles Beugniet (Cetiom).

Remplissage correct

(© Terre-net Média)

À cela, deux raisons : d’une part, la baisse des surfaces de colza et le prix en forte hausse des graines de tournesol sur le marché avec de nouvelles variétés adaptées au Sud-Est (lire ici). Par rapport à 2007 sur ces trois régions, les rendements sont en hausse de +4,5 q/ha, une augmentation qui ne doit toutefois pas cacher de fortes hétérogénéités. Les semis se sont étalés de fin mars à la mi-mai. « Les parcelles ont pu être préparées tôt et sans problème particulier », relève le spécialiste. 70% des semis étaient ainsi réalisés entre la fin mars et la mi-avril. Au-delà du 15 avril, les pluies ont retardé les semis prévus. « Du coup, on a observé deux séries de parcelles : celles ayant une levée rapide avec une bonne croissance végétative qui ont bénéficié des pluies printanières, ce qui a en plus eu le mérite de favoriser l’action des herbicides. À l’inverse, les autres ont eu une croissance moins rapide liée à des températures plus faibles en début de cycle et à une moindre efficacité des herbicides. »

Par la suite, la floraison s’est déroulée dans de bonnes conditions climatiques, sans stress hydrique compte tenu des pluies de mai et juin. Les capitules et les grains ont ainsi pu se remplir convenablement. La récolte s’est effectuée dans de bonnes conditions, les pluies de septembre retardant toutefois les parcelles semées tardivement. « Mais cela n’a pas suffit pour altérer le rendement et la qualité des graines… et donc la teneur en huile ! »

S’intéresser au phoma du collet

Côté maladies et ravageurs, l’année 2008 aura été relativement calme. Dans le Sud-Est, quelques dégâts de limaces et ravageurs du sol sont à noter, de même que des dégâts de sclérotinia du collet signalés dans les zones humides. Quelques tâches de phomopsis sont également à noter sans toutefois que la maladie n’évolue plus que la normale. Par contre, nous avons relevé des symptômes de carence en magnésie plus fréquemment cette année.

« Le phoma du collet est le point de progrès qui nous ferait gagner beaucoup en résultats car nous n’avons aujourd’hui aucune parade pour lutter contre son développement. Quant aux carences en magnésie, c’est un point sur lequel il nous faut nous pencher, car cela traduit probablement un problème de fumure de fond, sachant en outre que la qualité de l’enracinement peut également jouer un rôle. »

Une culture favorable

Dans le Sud-Est, le tournesol est une culture qui pourrait gagner de nouveaux hectares dans les années à venir. En effet, les conditions climatiques y sont favorables, certaines années permettant même la mise en culture de tournesol en dérobé. De plus, c’est une culture finalement économe en intrants (intrants et azote), « ce qui aujourd’hui peut faire la différence compte tenu de l’augmentation du coût des intrants ». Enfin, le prix de la graine de tournesol se situe désormais en deçà de celui du colza, « même si cela est à relativiser compte tenu de la forte volatilité des prix ».